Quelques mots autour de la Bonne Nouvelle
Pourquoi avoir écrit ce long texte, au style si différent de mes écrits habituels ? Parce que j'avais le sentiment de tourner en rond dans les billets techniques, à répéter tout le temps la même chose.
CLOV. — A quoi est-ce que je sers ?
HAMM. — A me donner la réplique. Samuel Beckett (Fin de partie)
Parfois, même les mots vous lâchent. Et pourtant, il faut continuer à écrire pour raconter, pour dire, pour ne pas se taire.
écrire pour raconter
Je vulgarise presque malgré moi depuis dix ans. Depuis dix ans, je présente les techniques utilisées en science des données dans le seul but de mieux comprendre les technologies que j'utilise. Je fais ce travail avec mon frère Antoine, qui signe certains des billets de ce blog. Avoir des lecteurs ou n'en pas avoir ne changerait pas grand chose.
Au fil de mes pérégrinations littéraires et après avoir écrit une centaine de textes, j'ai fini par accepter que la forme comptait beaucoup. Dire ne suffit pas, il faut raconter.
Il faut raconter l'informatique.
Il faut raconter l'intelligence artificielle.
Il faut raconter le métier de data scientist.
Il faut se raconter.
Il nous manque un récit de la décennie 2015-2025. Ce moment est important dans l'histoire de la technique. Il s'agit du troisième printemps de l'intelligence artificielle. Il faut mettre du corps autour de notre discours. Il convient d'habiller les concepts complexes liés au traitement de données. Car on parle d'informatique, de mathématiques, de logique. Force est de constater que peu de personnes s'y intéressent réellement.
Est-ce grave ?
En théorie, non.
En pratique, oui.
Qui veut comprendre le monde de 2025 ne pourrait, à mes yeux, faire l'économie d'une compréhension minimale de l'informatique et des outils d'apprentissage automatique.
écrire pour dire
Le fond marche avec la forme. Sinon, on devient pénible et triste comme un jour sans musique.
Mais s'il faut habiller les concepts, les processus et les termes, il faut d'abord pouvoir dire les concepts, les processus et les termes. Pour les dire sans perdre tout le monde dans l'instant, il faut les rendre accessibles. Il faut reformuler. Il faut donc comprendre. Sans cette compréhension, comment construire des images crédibles et le moins infideles possible ?
Comme je le comprends, le travail de vulgarisation consiste à fournir des éléments techniques au grand public, sans le perdre en route en faisant le malin avec des mots compliqués. Ce serait contre-productif et agaçant pour tout le monde. On me dit parfois hautain ou condescendant, preuve qu'il me reste des efforts à faire.
écrire pour ne pas se taire
Il faut occuper le terrain face aux sophistes, prophètes et communicants professionnels. Ils sont nombreux, ceux qui prennent, au coeur de l'hiver, la flamme de la bougie pour le grand soleil de l'été. Le discours général sur l'intelligence artificielle est mauvais. Un grand nombre d'ignorants ont bâti leur carrière et leur audience sur des récits séduisants et techniquement faux, voire insensés.
Les rares scientifiques et les (encore plus) rares ingénieurs qui s'expriment sur le sujet le font bien, avec des chiffres, des idées, des concepts. Cette communication reste cependant un peu morose. Les techniciens seraient-ils voués à ennuyer leurs éventuels lecteurs ou à les faire ronfler ? Je n'y vois aucune fatalité.
Écrire pour ne pas se taire, pour occuper le terrain, pour faire entendre une voix qui arpente directement les bases de données. On peut être quarantenaire et continuer d'écrire des programmes, continuer de traiter des données et y prendre du plaisir.
Ami humain, partage la bonne nouvelle
Tu la trouveras ici.
Fais-toi ton idée.