L'écume des jours - liens récents

Un inventaire de liens glanés ici et là, dans un style qui n'a pas su choisir entre Prévert et Knuth. Assis sur le ponton de l'actualité, les pieds dans l'eau et le menton au vent, nous regardons au loin et passons l'écume des jours au tamis de notre bienveillance.

https://www.youtube.com/watch?v=mKkQO3jwbVs

https://www.youtube.com/watch?v=kYUicaho5k8

Clever code is probably the worst code you could write

018|TEngineer’s Codex

Discussion autour du style sur l'écriture de code. Bons liens.

Can AI help or make ageism in tech worse?

017|TAI-geism

Un billet intéressant sur la vieillesse dans l'informatique.

Les années technologiques sont comme des années de chien : cérieusement, le moment où l'on est considéré comme vieux dans la tech est ridicule. Il est atteint bien plus tôt que dans d'autres emplois. Des études suggèrent que les dev se sentent vieux à la fin de la trentaine. Au Royaume-Uni, certains rapports indiquent que la discrimination fondée sur l'âge commence à l'âge de 29 ans, soit plus d'une décennie avant la moyenne des autres secteurs d'activité !

Lisez-le.

cybernetics + synergy

016|TProject Cybersyn

Je ne connaissais pas ce projet. Citons Wikipedia, salement.

Le project Cybersyn a été un projet chilien visant à créer une économie planifiée cyber-socialiste contrôlée par un système temps réel durant les années 1970–1973 (sous le gouvernement du président Salvador Allende). Il s'agissait essentiellement d'un réseau de télex qui reliait les entreprises à un ordinateur central situé à Santiago qui était contrôlé suivant les principes de la cybernétique. Le principal architecte de ce système était le scientifique britannique Anthony Stafford Beer. Il est une claire manifestation de la notion de machine à gouverner.

J'adore.
Heureusement qu'Elon Must est inculte.

Jouer avec l'IA fait peur, mais peut aussi inspirer

015|TFrance Musique

Un second lien musical.

Le pianiste de jazz Edouard Ferlet continue d'explorer les liens entre musique et machine, en revisitant le Köln Concert de Keith Jarrett avec l'aide de l'Intelligence artificielle.

Improviser sur une improvisation. [...] « Il y a deux pianos. Celui sur lequel je joue envoie des messages, dans le langage musical MIDI, au deuxième piano qui s'appelle Pianoïd. Le Pianoïd est tout seul et joue en fonction de ce que je lui envoie. Nous avons travaillé sur un protocole en utilisant l'intelligence artificielle et en jouant avec, en le nourrissant de ce que Keith Jarrett et moi-même jouions. C'est de l'intelligence artificielle générative. »

Un usage intéressant des programmes de génération. Bien utilisés, ils accompagnent le musicien dans sa création. On aime ou on déteste, on mouaisboffe ou on s'exalte, chacun se fera son avis. J'ai trouvé les extraits intéressants, suffisamment différents du Köln Concert pour ne pas être un simple plagiat, mais témoignant d'une inspiration certaine.

[DEEP]Search par Laurent Garnier

014|TFIP

Dans la musique, aussi les data font dorénavant la loi. Des algorithmes nous proposent un contenu de plus en plus insipide, prévisible, basé sur des hashtags ou quelques mots-clés. à l'heure où certains ont abandonné leur rôle de défricheurs, où la musique devient excessivement formatée, ultra catégorisée, et où l'emballage semble être devenu bien plus important que le contenu, notre mission en tant que passeurs, en tant que prescripteurs ou simple fans de musique, est d'aller chercher beaucoup plus loin qu'auparavant.

Je ne suis toujours pas une machine, conclut Laurent Garnier. Mes amis et proches savent que je suis un grand fan de heavy metal, mais aussi de Renaud, Brassens et de Léo Ferré. Je me force à ouvrir mes esgourdes et à aller picorer ailleurs, pour échapper à mes groupes fétiches de vieil adolescent. Le nom de l'émission du DJ m'a accroché d'emblée. Forcément, vu le nom : Deep Search. J'ai tellement aimé son introduction que je m'en suis inspiré pour ce site.

E. W. Dijkstra Archive : the manuscripts, 1930-2002

013|TDepartment of Computer Science, Austin (USA, Texas)

Une mine d'or, que je découvre enfin.

J'ai appris l'informatique sur le tas, d'abord enfant et adolescent en jouant à Doom et à d'autres jeux plus ou moins subtils, puis jeune chercheur, les mains dans les données et le regard attiré sur des problèmes de physique ou d'extraction d'information. Il me manque des pans entiers de culture informatique, notamment concernant les grands anciens. J'essaie bien sûr de combler mes lacunes, trop nombreuses et trop lentement.

Je n'avais jamais vraiment rencontré Edsger W. Dijkstra. Je connais bien entendu son algorithme de parcours de graphe. Je suis tombé sur certaines de ses citations, ciselées et percutantes. Mais je connaissais mal son activité d'écriture. Son style est intéressant : direct, clair, hors norme. Il a beaucoup écrit, notamment ses manuscripts dits EWDs. Ils ont été compilés dans le lien ci-dessus.

Ses textes n'ont pas été tous publiés. Vous trouverez une archive partielle sur la libgen.

How People are Really Using Generative AI Now

012|TMarc Zao-Sanders

Une étude qui bruisse, source d'un article du HBR (paywalled) qui a déjà popé trois fois sur mon fil Linkedin.

Ce rapport présente les 100 principaux cas d'utilisation de l'IA générative en Mars 2025. Il offre selon son auteur une évaluation quantitative et un aperçu qualitatif de la manière dont l'IA façonne la vie quotidienne. L'étude semble faite à l'arrache, mais elle est intéressante pour ses verbatims.

Lien vers l'étude complète : pdf. Les usages sont variés. Une mine d'informations.

Why I stopped using AI code editors

011|TLuciano Nooijen

En 2025, si tu n'utilises pas un agent pour coder, tu es un looser. Ouais. Ok. Si ça te fait plaisir. Ne viens pas me dire comment je dois travailler. Et dis-toi qu'on commence à revenir sur le sujet, lapin.

Un bon article sur le (vaste) sujet de ces assistants.
Je l'ai lu. Antoine l'a lu. Lisez-le.

When you are using AI, you are sacrificing knowledge for speed. Sometimes it’s worth making this trade-off. Though it is important to remember that even the best athletes in the world are still doing their basic drills for a reason. The same applies to software development: you need to practice the basics, to be able to do the advanced work. You need to keep your axe sharp.

My advice to new programmers : don’t become a forever junior who lets AI do all their work

On ne peut pas critiquer un retour d'expérience. On peut ne pas être d'accord, il faut ne pas être d'accord, mais ... on ne critique pas un ressenti ou une expérience personnelle. Faut-il généraliser ? Et toi, ami dev, où en es-tu avec les assistants ?

Brains vs. Bytes: Evaluating LLM Proficiency in Olympiad Mathematics

010|TarXiv

L'affirmation selon laquelle les LLM à l'état de l'art peuvent résoudre des problèmes du niveau des Olympiades de mathématiques doit être examinée de plus près.

Ce papier illustre que ces systèmes IA ont encore beaucoup de progrès à faire. Rarement lu un papier aussi mal foutu.

Ma liberté de penser

009|TMarie Dollé

Et là, comme souvent dans ce genre de moment techno-messianique, on a eu droit au grand frisson collectif : “Oh là là, voilà que ça se rapproche de l’humain". Eh ben non. Raté.

Un article à mi-chemin entre l'informatique et la création littéraire, qui illustre un point un peu oublié en ces temps de réductionnisme scientifique : la réflexion humaine reste une énigne et qu'elle ne se ramène pas à une chain of thought linéaire. Les LLM restent semi-débiles, parfois utiles, souvent verbeux et toujours problématiques.

Le texte est bien, et je déteste Florent Pagny.

AI has (sort of) passed the Turing Test; here’s why that hardly matters

008|TMarcus to AI

Une publication qui fait du bruit : Large Language Models Pass the Turing Test ( arXiv). Ah non, pas une publication : un preprint, c'est-à-dire un projet de papier qui est en train d'être vérifié par la communauté. Si tant est que quelqu'un en ait quelque chose à faire. Visiblement, Gary Marcus ne le laisserait pas passer …

Nous avons parlé du test de Turing ici. Qu'en dit ce bon Gary ? En substance que le papier est mauvais, que les manips sont mauvaises et qu'il ne va pas perdre son temps à détruire ce papier puisqu'il avait déjà détruit un papier du genre en 2014.

Comme je l'ai dit (avec beaucoup d'autres) depuis des années, le test de Turing est un test de crédulité humaine, pas un test d'intelligence. Gary Marcus

Il est prévisible qu'une bonne partie de suiveurs s'engoufre gaiement dans le brèche et, comme un vulgaire Idriss Aberkane, raconte de la m*rde par brouette. Mais puisque vous nous lisez, vous ne serez pas dupe.

AI in the enterprise is failing over twice as fast in 2025 as it was in 2024

007|TPivot to AI

Un blog d'une grande pertinence.

Selon une étude, l'IA dans les entreprises se plante plus rapidement en 2025 qu'en 2024. 60 % des entreprises interrogées par S&P (w) déclarent investir dans l'IA en se lançant dans l'IA générative. Traduisons : elles paient des abonnements à des LLM. Le résultat, c'est que près de la moitié des entreprises interrogées ont mis à la poubelle leurs preuves de concept et 42 % ont abandonné la plupart de leurs initiatives en matière d'IA - un échec total, donc. Le taux d'abandon en 2024 était de 17 %.

The Tech Fantasy That Powers A.I. Is Running on Fumes

006|TNew York Times

Deux articles coup sur coup, avec le 005, qui critiquent l'IA - non, pas l'IA, mais plutôt ses cas d'application. Celui-ci est intéressant car il est rempli de formules bien trouvées et décrit l'IA comme un technologie médiocre. Moyenne donc : c'est pas ouf. Un peu comme les MooC en leur temps. À lire, peut-être juste pour les formules, et pour se rendre compte que des critiques se lèvent contre les usages de l'IA. Elon Musk, avec son foutu DOGE, pourrait être le détonateur, celui qui fera exploser la bulle.

A.I.’s most revolutionary potential is helping experts apply their expertise better and faster. But for that to work, there has to be experts.

But A.I. is a parasite. It attaches itself to a robust learning ecosystem and speeds up some parts of the decision process. The parasite and the host can peacefully coexist as long as the parasite does not starve its host. The political problem with A.I.’s hype is that its most compelling use case is starving the host — fewer teachers, fewer degrees, fewer workers, fewer healthy information environments.

Whatever A.I. has the potential to become, in this political environment it is most powerful when it is aimed at demoralizing workers.

AI promises to free up time. But what if it spares us from learning, writing, painting and exploring the world?

005|TGuardian

In matters of technology, I operate on one guiding principle: I give my computer the work that I do not want to do [...] The ideal model of the computer, I think, is the calculator.

Simply put: I don’t know where this endless march of shortening the act of living leads us to. AI promises to free up time. But if what it spares us from is learning from our friends, writing, painting and exploring the world, then what, actually, are we meant to do with that time?

Un très bon article, dense et concis, écrit par un critique littéraire qui est aussi écrivain et peintre. On sent poindre une sorte d'agacement. En tant que dev, je suis d'accord avec ce papier. Un programme qui fonctionne apporte peu de joie et de bonheur ; la joie et le bonheur sont dans la conception et l'écriture du programme, et la modélisation, s'il y en a une.

Questionnaire « Intelligence Artificielle et Enseignement »

004|TAcademia

Quand le MESRI invite les professeurs à s'exprimer sur l'IA, il faut s'attendre à des retours pleins de no nonsense. Chloé-Agathe Azencott, professeure en apprentissage supervisé a pris le temps de donner son avis et de détailler certaines de ses réponses.

Sondage : les IA génératives et le code

003|Tlinuxfr.org

Un sondage intéressant en ligne, sur un site de vieux devs, avec tous les biais que vous pouvez imaginer. Ce sondage a l'avantage immense, à mes yeux, d'être fréquenté par de vrais humains qui répondent comme ils veulent. Un mot sur DLFP : ce site m'accompagne depuis 25 ans, sinon 30 ans. Si j'y écris rarement, je lis beaucoup.

Quelques statistiques ? Par principe, 25% des répondants n'utilise pas la génération, 20% l'utilise dans des cas triviaux, 13% s'en sert pour de l'explication de code, et 10% ne s'en sert pas le code est trop buggé. Les disrupteurs de LinkedIN sont en PLS.

Italian newspaper says it has published world’s first AI-generated edition

002|TGuardian

Un article est à la fois marrant et effrayant. Je le mentionne ici car j'y ai trouvé la seule bonne blague générée par un programme. Je te la soumets, ô lecteur.

AI is a great innovation, but it doesn’t yet know how to order a coffee without getting the sugar wrong.

Mon camarade Yann Gourvennec m'a fait passer ce lien, via notre groupe WhatsApp commun 100% human content et sa webring à l'ancienne. Yann écrit ici, allez-y, c'est bon.

La nouvelle informatique

001|Tploum.net

À tout seigneur, tout honneur.
J'aime bien Ploum. Il est direct et il écrit bien. Je ne suis pas toujours d'accord avec lui, mais ce n'est pas le point et il est pertinent. Je le lisais souvent sur DLFP alors que je faisais mes armes de développeur, tout en me forgeant une culture informatique. Je le lis aujourd'hui moins souvent. Je lis peu de blog, en réalité. Mais quand je le lis, j'apprécie.

Comme beaucoup de passionnés d’informatique, j’aime l’outil plus que le résultat. Ploum

L’informatique technique m’est devenue inintéressante. Elle m’ennuie [...]. Le problème de base de l’informatique peut pourtant désormais être considéré comme résolu : nous savons comment nous envoyer des textes, des images et du son. Ploum

Je partage ce sentiment. Mes trois quatre babasses tournent sous Debian Stable, j'oublie souvent de faire les mises à jour.


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