Je ne parlerai pas de l'hyperprose d'Asma Mhalla.
De toutes façons, il ne peut exister qu'un seul hyperdocteur. Le titre est revendiqué de longue date par Idriss Aberkane, docteur de littérature comparée et plagiaire dont le cheminement intellectuel me fait systématiquement penser à Flaubert. S'il est assurément notre Bouvard, Asma Mhalla sera-t-elle son Pécuchet ?
Je n'en sais rien. Je n'ai pas lu son Technopolitique. Je voulais le lire. Je l'ai presque acheté. Depuis, il attend sagement dans ma liseuse, il se fait oublier, perdu dans ce que je n'ose appeler un programme littéraire, qui comprend entre autre la nouvelle traduction de Lovecraft David Camus, l'intégrale de Terry Pratchett, les Essais et 95 prix Goncourt. Il faut reconnaître qu'il y a une forme de concurrence.
Je l'écoute parfois, Asma, quand elle parle dans le poste. Hier, par exemple, dans une de mes émissions radios préférées du moment. Elle parlait d'Elon Musk dans Affaires Étrangères. Elle parlait autour d'Elon Musk, en réalité. Elle glosait. Elle récitait. Elle faisait des phrases. Elle s'écoutait peut-être parler. Moi, je ne l'écoutais déjà plus. Et la journaliste non plus, de toute évidence.
Écouter Asma Mhalla.
Apprécier la forme.
Déplorer le fond. BlueSky
Cruel ?
Probablement.
J'attends un raisonnement. Elle nous le doit. Elle qui a rédigé sa thèse en un temps record, moins de 15 mois entre son inscription en doctorat et sa soutenance. Pour rappel, les simples mortels comme les mathématiciens et les physiciens travaillent d'habitude trois ans. Quelle bande de nullos ! Elle doit nous éblouir, nous estomaquer. Nous stupéfier. Au lieu de ça, elle nous obscurcit les idées, elle nous brouille les réseaux, elle nous emmêle le neurone. Ça m'agace prodigieusement qu'on me prenne pour un con.
Les privilèges de la beauté sont immenses. Elle agit même sur ceux qui ne la constatent pas. Jean Cocteau
Je juge son travail sur la forme ? Oui et non. Oui, car sa thèse n'est pas disponible en ligne. Non, car je l'ai écouté, Asma. Plusieurs fois même. Et j'ai entendu un sabir inaudible que je trouve immensément prétentieux. Franchement, ça me peine. J'espère toujours apprendre des choses quand je prends le temps d'écouter une personnalité intellectuelle reconnue et visible. D'elle, je ne retiens malheureusement qu'un discours creux, vague et bien trop assuré. Sa crédibilité semble tenir à son flow imperturbable, son accent anglais et une forme de don pour l'enfilage de concepts. Et elle utilise des mots compliqués, alors forcément, ça fait bien.
Ils rabâchaient ainsi les mêmes arguments, chacun méprisant l'opinion de l'autre, sans le convaincre de la sienne. Flaubert
Suis-je devenu un vulgaire hater, frustré de l'exposition médiatique du Dr Mhalla ? Pourquoi parler de son bouquin, que j'aurais pu lire, alors qu'en fait non ? Parce qu'elle parle d'intelligence artificielle, et quand elle en parle, elle en parle mal. Elle embrouille son monde, notre monde. Elle donne l'impression de maitriser ses sujets ; ça, je déteste. Quand je l'entends broder autour de l'IA et des programmes d'apprentissage automatique, je mesure ses errements en gouffres.
Bouvard et Pécuchet est, lui aussi, inachevé.
Un roman peut nous faire rire.
Pas un essai, surtout s'il se veut savant.
Pour un avis plus objectif et circonstancié que le mien, je vous renvoie au Technopolitique ou l’art de la pêche au gros de D. Boullier qui, lui, a eu le courage de lire l'essai dont il parle.